1894 : la Colonne
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1894 : la Colonne de Pontivy, pourquoi ?

Nous sommes aujourd’hui à Pontivy dans une situation et des circonstances qui, vous le pensez, ont un rapport étroit avec les événements qui ont valu à cette ville de jouer un rôle dans l’histoire de notre région et dans l’histoire de notre pays.

Le Monument de la Fédération bretonne-angevine mis en place en 1894 comme on l’a vu concentre une partie notable de cette histoire et avait pour fonction de perpétuer pour les générations à venir, et donc pour la nôtre, la signification des événements dont Pontivy a été le théâtre.

C’est en effet cette année 1894, que la colonne de la Fédération bretonne-angevine est érigée square Bourdonnaye à Pontivy, du nom du maire qui en 1790 accueillit les 2 assemblées, c’est-à-dire les deux fédérations qui y tinrent session en janvier et en février de cette année.

Mais revenons, pour le moment, à ce qui se passe en France dans ces années 1890.

En fait la situation politique en France est très tendue. La République est encore jeune, établie en 1875. Vous savez que l’adoption du régime républicain n’avait pas passé comme une lettre à la poste. La IIIème République n’avait été votée qu’à 1 voix de majorité. Il s’en était fallu de peu que la Monarchie ne soit rétablie.

Une brouille relativement secondaire, à savoir le refus des Légitimistes de renoncer au drapeau blanc, provoqua la désunion des partisans de la restauration de la royauté.

Mais ce n’est pas pour autant que le projet était abandonné…D’autant que l’Église, jusques y compris dans les encycliques et directives papales n’avait pas non plus désarmé. On peut même dire qu’elle redoublait de virulence contre la « Gueuse », ainsi désignait-on injurieusement la République chez ses adversaires.

Ce n’est qu’en 1892 que le pape Léon XIII va sonner ce qu’on appelle le Ralliement, c’est-à-dire l’acceptation de la République, faute de pouvoir la renverser. Le Ralliement c’était la perspective de pénétrer la République de l’intérieur pour mieux circonvenir ses effets. Rappelons que c’est dans ce même esprit que Léon XIII va proclamer la nécessité pour l’Église de pénétrer les milieux ouvriers que le développement industriel faisait de plus en plus nombreux.

Mais pour l’heure le Ralliement n’est pas encore passé dans les faits. Les lois scolaires instituant l’école gratuite obligatoire et laïque sont du début des années 80.  Le processus est engagé qui aboutira au couronnement républicain de 1905 par l’adoption de la loi de séparation instituant et garantissant la liberté de conscience.

Les années 90 du siècle dernier sont aussi caractérisées par des scandales politico-financiers, dont celui de Panama, qui sera marqué par une déconfiture de nombre d’actionnaires, hormis les initiés.

Ajoutons que l’atmosphère est à l’orage. Pourquoi pas un coup d’Etat avec ce fringant général Boulanger, dont les adversaires de la République pourraient se défaire dans un second temps ?

Nous sommes à la veille du déclenchement de l’Affaire Dreyfus qui révèlera au grand jour l’antisémitisme profond de l’État-major soutenu par l’Église et les milieux conservateurs.

C’est donc cet arrière-plan qu’il faut avoir à l’esprit, lorsque les Républicains décident de se ressourcer aux racines mêmes de la République, en commémorant par des manifestations et des constructions de monuments les actes glorieux de la Révolution de 1789 et de la République proclamée dès 1792.

L’année 1889 a été saisie pour commémorer le premier centenaire de la Révolution.

C’est en 1889 qu’est ainsi créé le Comité Républicain de la Roche de Mûrs, dans le Maine-et-Loire, année où est érigée la colonne surmontée de la République gardée par des lions et qui commémore le massacre en cet endroit par l’armée catholique et royale, pendant les guerres de Vendée, le 26 juillet 1793, de 600 à 800 soldats républicains

Ces soldats étaient de ces volontaires qui avaient répondu à l’appel de la « Patrie en danger », et qui mirent en déroute au moulin de Valmy en Champagne les armées coalisées de l’Europe monarchiste, sonnant du même coup le glas de la Monarchie et hâtant la proclamation de la Ière République.

L’héroïsme de ces jeunes volontaires, dont certains s’étaient déjà réunis à Pontivy en février 1790, ayant été immortalisé par Victor Hugo, nous pouvons saisir cette occasion, en cette année du bicentenaire du poète républicain, pour relire quelques vers du poème qu’il leur a consacré.

                        Les soldats de l'an deux

            O soldats de l'an deux ! ô guerres ! épopées !
                        Prussiens, Autrichiens,
            (…)

            Contre toute l'Europe avec ses capitaines,
            Avec ses fantassins couvrant au loin les plaines,
                        Avec ses cavaliers,
            Tout entière debout comme une hydre vivante,
            Ils chantaient, ils allaient, l'âme sans épouvante
                        Et les pieds sans souliers !
            (…)

            La Révolution leur criait : --Volontaires,
            Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères !--  
                        Contents, ils disaient oui.
            -- Allez, mes vieux soldats, mes généraux imberbes !
            Et l'on voyait marcher ces va-nu-pieds superbes
                        Sur le monde ébloui !

            La tristesse et la peur leur étaient inconnues,
            Ils eussent, sans nul doute, escaladé les nues,
                        Si ces audacieux,
            En retournant les yeux dans leur course olympique,
            Avaient vu derrière eux la grande République
                        Montrant du doigt les cieux...

C’est en 1889 aussi, autre exemple, qu’est érigée à Saint-Brieuc la statue de Poulain-Corbion, maire de la ville jusqu’en 1789, date à laquelle il est élu député aux Etats Généraux de Versailles.

La statue commémore son assassinat par les Chouans en 1799 (An VIII) pour son engagement dans la Révolution et sa fidélité à la République.

L’Association Républicaine Poulain-Corbion de Saint-Brieuc s’est donné comme objectif de réactualiser les engagement du héros républicain et de réédifier sa statue enlevée par l’occupant nazi avec le soutien – n’était-ce pas la revanche des Chouans de l’an VIII ? — des autorités de Vichy.

C’est à cette époque aussi, en 1902, qu’on élève à Quiberon, la magnifique statue en pied du Général Hoche en commémoration de sa victoire en 1795 sur les Chouans qui avaient fait cause commune avec les émigrés et l’étranger pour combattre la République.

Et, à Pontivy, c’est donc en 1894 que les Républicains, après une large souscription dans tout le département et au-delà, décident la construction de la colonne commémorative de la Fédération bretonne-angevine de 1790.

 
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