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La perspective de la Fédération
humaine.
Appréciant la portée universelle et grosse d'avenir du mouvement de la
Fédération de 1790, le militant socialiste Jaurès peut écrire
à son propos, avec la capacité visionnaire qui lui est particulière :
«Admirable
mouvement et qui n'aura son terme que lorsque, en une Révolution plus profonde
à la fois et plus ample, ce sont toutes les nations de la terre qui entreront
dans le grand tourbillon d'unité et de paix, et qui formeront la fédération
humaine !» Décider librement de leur sort.
Les Fédérations
bretonnes-angevines de Pontivy ont écrit une page glorieuse de la Révolution
française, une page qui est inscrite à jamais dans l'histoire des hommes, pour
conquérir, avec leurs droits inaliénables, celui de décider librement de leur sort. Ce
Monument de la Fédération en constitue le symbole pour les générations
successives, et à dessein de les instruire. Il est
partie constituante de notre patrimoine, à la double raison, qu'il est témoignage
du passé, et plus que jamais porteur d'avenir. Renan : un goût invincible de la Révolution.
A ceux
qui le dénigrent, par leurs déclarations, comme par la déréglementation
subreptice des acquis révolutionnaires et républicains, ou par la dynamite
interposée , le Trégorrois Ernest Renan, Renan qui parraina en 1889, le
monument à Poulain-Corbion à Saint-Brieuc, assassiné en 1799 par les Chouans,
Renan le Breton, féru de culture universelle, a écrit prémonitoirement dans ses
«Souvenirs d'enfance et de jeunesse» :
" J'ai pris de ma mère un goût
invincible de la Révolution, qui me la fait aimer malgré ma raison et malgré
tout le mal que j'ai dit d'elle. Je n'efface rien de
ce que j'ai dit : mais, depuis que je vois l'espèce de rage avec laquelle des
écrivains étrangers cherchent à prouver que la Révolution française n'a été
que honte, folie, et qu'elle constitue un fait sans importance dans l'histoire
du monde, je commence à croire que c'est peut-être ce que nous avons fait de
mieux, puisqu'on en est si jaloux." Avec Jaurès, aux Jacobins.
Et
Jaurès encore, dont se réclamaient tous les courants du mouvement républicain
et laïque, comme tous les courants du mouvement ouvrier, portant sa réflexion
sur le chemin parcouru par les différents protagonistes de la Révolution avec leurs erreurs incontestables, leurs excès indéniables, mais leurs
réalisations grandioses, pouvait s'interroger, et nous inviter ainsi à le
suivre : «On va réveillant
les morts et à peine réveillés, ils vous imposent la loi de la vie, la voie
étroite du choix, de la préférence, du combat, de l'âpre et nécessaire
exclusion. Avec qui es-tu ? Avec
qui viens-tu combattre et contre qui ?
«Je suis avec
Robespierre — répond le Grand Jaurès —, et
c'est à côté de lui que je vais m'asseoir, aux Jacobins». La continuité du combat d'émancipation.
Les
jeunes volontaires du 15 janvier 1790 faisant leur, le cri de ralliement de
toutes les révolutions de par le monde, hier comme aujourd'hui, se séparaient
au cri de «Vivre
libres ou mourir !» que la République a par la suite, repris à son
compte : «Liberté,
Égalité, Fraternité ou la mort». Et le mouvement ouvrier naissant, dès 1831, chez les Canuts de Lyon, l'a
immortalisé sous la forme :
«Vivre
libres en travaillant ou mourir en combattant», retrouvant
ainsi, presque mot pour mot, le cri des révolutionnaires bretons et angevins de
Pontivy, dont ils poursuivaient, nous n'en doutons pas, le combat d'émancipation. Vivre
libres ou mourir ! Vive la Révolution ! Vive
la Fédération bretonne-angevine de Pontivy et son monument commémoratif ! Une,
indivisible et laïque ! Vive la république
!
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