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De Pontivy à ParisOn sait que la Fédération bretonne-angevine,
reprenant à son compte le vœu de
Bourdonnaye envoya
une délégation porteuse de ce mandat à Paris, à l’Assemblé Nationale --l’Assemblée
Constituante-- . Elle fut chaleureusement accueillie, et sur proposition de
Bailly, maire de Paris, la Fête de la Fédération fut convoquée dans toute la
France pour le 14 juillet de la même année. Le 14 juillet 1789, avec la prise
de la Bastille, ayant marqué à jamais, dans la mémoire collective, la fin de
l’Ancien Régime. De toutes les régions et provinces du pays, des représentants, les Fédérés, vont converger vers Paris, dans un mouvement d'autant plus exceptionnel qu'il est largement spontané. Première historique. Première manifestation nationale.
300 000 selon la police. 500 000 selon les organisateurs. Car il y eut des
reporters, des journalistes à en rendre compte. Et des historiens pour
collecter les témoignages à fin de perpétuer l’événement. Parmi ces
historiens, Michelet écrivit presque à chaud, quelques années seulement après
1790 sur la base de. témoignages et de documents récents. Dans son Histoire de la Révolution française, Michelet
(1798-1894) souligne l'enthousiasme
de la population dans sa participation à une révolution qui scelle son unité
et celle des anciennes provinces et circonscriptions administratives que le
fatras des particularismes propres à l'Ancien Régime avait à loisir multipliés
pour diviser.
"On se cotisa comme on put,
rapporte Michelet ;
comme on put
on habilla ceux qui faisaient le voyage ; l'hospitalité fut immense, admirable,
sur toute la route ; on arrêtait, on se disputait les pèlerins de la fête. On
les forçait de faire halte, de loger, manger, tout au moins boire au passage.
Point d'étranger, point d'inconnu, tous parents. Gardes nationaux, soldats,
marins, tous allaient ensemble (...). "Et, en traversant par bandes les villages ou les villes, ils
chantaient de toutes leurs forces, avec une gaieté héroïque, un chant que les
habitants sur leurs portes, répétaient(...) :
"Ah ça ira ! ça ira ! ça ira ! Sur des mots qui renvoient à la Carmagnole, sur l’air des « Aristocrates à la lanterne ! », le chant des niveleurs, à forte connotation sociale comme on le voit. Et Michelet de poursuivre : "Quand arrivèrent
les Bretons, ces aînés de la liberté, (cela renvoie au
fait connu de tous que les Bretons ont été les premiers), les vainqueurs de la Bastille
— vous
avez reconnu les Parisiens, notamment du Faubourg St-Antoine
-- s'en allèrent à leur rencontre jusqu'à Versailles, jusqu’à Saint-Cyr.
— 20
Km au bas mot, à pied, autant pour le retour. Je saute, pour abréger
sur leur accueil à Paris, l’hébergement chez l’habitant, les hôtels étant
dans la capitale, hier comme aujourd’hui, au-dessus de bien des bourses… La signification profonde
des deux fédérations bretonnes–angevines de 1790 a été matérialisée en
1894 par les Républicains qui lui ont dressé la colonne commémorative,
avec, en prémonition des menaces à venir, gravés dans la pierre, le Serment
des jeunes volontaires, le Pacte d’union des Municipalités, les mots
d’accueil de Bourdonnaye, les premiers chapitres de la Déclaration des
droits de l’Homme et du Citoyen. Ils
ont placé sur la colonne de granit, une allégorie en bronze de la République
en illustration de la devise républicaine également gravée: Liberté,
Egalité, Fraternité. Se débarrassant symboliquement du suaire qui la
privait de l’air libre et de la vie, elle tient le rameau d’olivier, symbole
de paix. C’en était trop ! |
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